Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Kiné pas d'ici, mais bien là...
7 mars 2016

Coeur, Trèfle, Carreau, Pique... Aïe !

 

D’habitude, quand je vais chez le médecin, je suis plutôt en hypotension, qu’en hypertension (ce qui explique d’ailleurs sûrement certaines choses, mais passons…). C’est peut-être aussi pour ça que le café, chez moi, ça marche plutôt bien. Enfin, ça marchait plutôt bien jusque là. Donc quand j’ai vu que cette semaine marathonienne commençait par une matinée de domiciles, puis enchainait sur une après-midi qui valait une journée (13h-20h30, 16 patients), avec une petite demie-heure de pause-repas à midi (quand même) à condition que je ne prenne pas de retard sur la tournée-de-domiciles-dans-les-patelins-autour-que-je-ne-connaissais-pas, je me suis dit que ce n’était pas le moment d’être « hypotendue »… Je me suis aussi demandé comment faisait la warrior de kiné que je remplace pour tenir le coup, mais j’en parlerai plus tard (parce que je me demande toujours…). J’avais pas 36 000 solutions. Et quand je suis arrivée au cabinet (avec juste 5 minutes de retard sur le planning, j’étais plutôt fière), et que j’ai vu la collection de capsules de café de toutes les couleurs aux côtés de la petite cafetière rouge pétant qui va avec, ça n’a fait qu’un tour dans ma petite tête d’hypotendue. J’avoue qu’en commençant cette journée, je ne le sentais pas, mais pas du tout. En fait, depuis la veille en découvrant le giga-planning-ultra-chargé, je ne le sentais pas, mais pas du tout. (Eh oui, surprise ! Moi qui m’étais dit qu’un kiné qui travaille le samedi matin ne devait pas travailler bien tard les soirs et faire des journées de p’tit fou, ben tiens, c’était sans compter sur la rigueur et minutie et investissement (et acharnement) de certains.) Et quand on ne le sent pas, on traine des pieds. Enfin, moi, en tout cas. Peut-être que vous aussi… ? Alors j’ai plutôt trainé les pieds, depuis la veille au soir. « Dans 6 jours à cette heure-ci… », « Dans 5 jours, 23 heures et 59 minutes… », « Dans 5 jours, 23 heures 58 minutes et 59 secondes »,… Bref, vous voyez le tableau. Finalement, la matinée s’est bien passée. Mais ça n’empêche qu’en voyant qu’à midi, je n’avais largement pas fait le plus gros de la journée, je me suis remise à ne pas le sentir, mais pas du tout, et à retrainer les pieds, et même à râcler les semelles jusqu’aux chaussettes. « Il est 12h46. Encore 14 minutes. Encore 13 minutes…. » Non, j'exagère. Un peu.

Et puis, on met un peu d’eau dans le truc derrière, on observe attentivement le tout, on lève le bidule, on glisse le premier venu à sa place, on referme le capot, on appuie sur le bouton, on réappuie parce qu’il n’y a rien qui se passe, on colle l’oreille à 1cm du truc pour écouter si quelque chose se passe vraiment dans les entrailles dudit truc, on réréappuie, on se réapproche, on voit un ziguigui clignoter, on s’écarte, ça fait un boucan d’enfer pendant 3 secondes, ça sonne, ça sent bon, ça fume. Ça y est, vous l’aurez compris, j’ai réussi à faire marcher la machine à café. Premier café. « Encore 6 minutes… » Oui, c’est horrible de faire un tel décompte. Surtout que c’est pas la mort du p’tit cheval (Pourquoi je pense toujours à la chanson de Brassens quand je sors cette expression ?). J’ai du travail, qui me plait, il faut juste… « 3 minutes… » S’y mettre. Trainer des pieds n’arrange rien en plus, bien au contraire. Mais il fallait juste se lancer dans cette après-midi dont je ne voyais la fin qu’après 16 séances avec 16 nouveaux patients. « 2 minutes… » Ça sonne à la porte d’entrée, deux femmes entrent. Allez, zou, c’est parti !

Et finalement, finalement… Eh bien, hop! Et l’après-midi était passée. Hop, comme ça, d’un coup ! D’un coup de 3 cafés chez une habituelle hypotendue inhabituée du café, certes, mais d’un coup. Des patients agréables, un cabinet spacieux et lumineux (un cabinet de fille, avec du mobilier on ne peut plus rose et des tableaux et des plantes partout), et un emploi du temps qui se déroule de lui-même. 20h32, le dernier patient sort, je m’assois. Ou plutôt, je m’affale sur le gros fauteuil du bureau. C’était pas si terrible, mais quand même. Je resterais bien là, comme ça, maintenant, sans plus bouger, et jusqu’à demain matin. D’ailleurs, il faut que je sois là pour 7h30, premier patient, demain matin. Alors j’aurais autant rester là... peut-être. Mais j’ai faim. J’ai soif. J’ai envie de dormir. Me voilà métamorphosée en chat-patapouf.

Une chose est sûre, la machine à café tournera encore demain, et après-demain, et jusqu’à samedi.

Une deuxième aussi peut-être : quand je serai grande, je ne bosserai jamais comme ça. J’ai mis « peut-être », parce que tout le monde connait le dicton rabat-joie (ou rabat-déprime, selon le point de vue) « il ne faut jamais dire jamais ». C’est sûr que si on est le seul kiné à 30 km à la ronde, on reçoit pas mal d’appels, et que l’agenda est vite rempli archi-rempli. C’est sûr que c’est difficile de dire non. C’est sûr que c’est jamais agréable de se faire allumer au téléphone ou en direct par un patient mécontent parce qu’on ne peut pas le prendre avant la semaine d’après. C’est sûr que ce serait mieux pour tout le monde si ce patient commençait tout de suite (sauf peut-être pour notre système nerveux parce que s’il est déjà casse-bonbons au bout d’une minute de discussion, ça promet pour les séances à venir). C’est sûr qu’on a du mal à rester calme quand le patient nous rétorque « Vous pourriez bien finir 1/2h plus tard un soir cette semaine ». C’est sûr. (Parce que vue ma tête à 20h32 ce soir, j’aurais eu du mal aussi à être une demi-heure de plus à l’écoute de ce patient qui m’aura fait des pieds et des mains et du chantage culpabilisant pour obtenir une séance…). L’autre solution est de réduire le temps des séances pour pouvoir accepter plus de monde, ou prendre plusieurs patients en même temps, ou finir par voir les patients une fois par semaine alors qu’ils auraient besoin de 2 ou 3 séances. Qu’est-ce qui est le mieux ? Je ne parle pas de la solution de faire des journées de « 36h de travail pour + (-8)h de repos = … ?». Comment peut-on tenir le coup, en travaillant de 7h à 21h en plus du samedi matin, tout le temps ? Je ne suis pas sûre que les cafés (me ?) suffisent…

 

 

PS : Ce post n’est pas pour râler et juste râler (parce qu'encore une fois, ce n'est pas la mort du p'tit cheval), ni pour critiquer les collègues qui font de telles journées, ils ont mon admiration. C'est juste que je m’interroge, et que je m’inquiète pour eux... Quant à l’organisation des plannings, chacun fait comme il peut/comme bon lui semble. Encore une fois, je ne suis que remplaçante, je ne suis que de passage, je n’ai pas les cartes en main pour critiquer le jeu des collègues installés.

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Kiné pas d'ici, mais bien là...
Publicité
Kiné pas d'ici, mais bien là...
  • Chaussures chaussées, rien de fixé encore, commencer par des remplacements. Des portes à ouvrir, à entrouvrir, et des chemins à parcourir… Bonne route à chacun ! A., qui n'est pas d’ici mais bien là...
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Archives
Publicité