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Kiné pas d'ici, mais bien là...

24 septembre 2019

Do, Ri, Mi, RiDeau...

 

Des sourires.
Des rires, sous quoi ?
Des sourires.
Dessous des yeux tristes. Entre ironie et jeux de mots, elle rit jaune, elle sourit sous cape.
Des sourires.
Dessous des mots tristes.
Des rires, sous quoi ? Qui cachent quoi ? Ou plutôt qui montrent quoi, en voulant cacher ?

Elle baisse les paupières, pour y glisser dessous quelques larmes.
Elle baisse les paupières, comme elle baisserait le rideau, en même temps que les bras. Le dessous est trop lourd, alors ça glisse, ça tombe. Et toute entière, elle tombe, sous la douleur, sous la lassitude.
Et elle me montre comme elle tombe, derrière le rideau des sourires.

 

 

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3 septembre 2019

Là. Lui.

 

Il est là, mais déjà plus tout à fait là.
Il est lui, mais déjà plus tout à fait lui.
Une partie de lui s'est envolée, par delà ses hallucinations, au travers de ses mots aux drôles de coutures... Je souhaite que dans la fuite de ses idées, sa douleur s'estompe également...
Ses yeux me regardent, et un instant, un moment, semblent me reconnaître. Ou alors c'est moi qui vais au devant, transforme, imagine... ? Mais ses yeux me regardent, un instant, un moment, et les mots qu'il souffle répondent à ma question.
Je regarde ses yeux, et les reconnais aussi.
Une partie de lui est toujours là. Dans ce corps, dans ce lit, sous ces couvertures, dans cette maison qu'il ne quittait plus depuis des années, et où je suis venue quatre fois par semaine pendant dix mois.
Une partie de lui est toujours là. Dans ce sourire, un sourire à demi effacé par une ancienne paralysie. Dans ces yeux empreints de malice. Dans ces mots taquins murmurés, encore prêts à lancer une boutade, une boutade entre deux coutures pas très droites, deux coutures en pointillés... pointillées de silences, de mains qui se relâchent, et de yeux fermés, un instant, un moment...
Le temps perd son fil, et se découd, lui aussi...


La séance l'a fatigué, il part, repart, dans son sommeil, un sommeil, un instant, un moment...

 

 

20 mai 2019

Un jour,... deux jours, trois jours...

 

"C'est intéressant de vieillir, vous savez. Totalement déprimant aussi. De voir tout ce qu'on ne peut plus faire, mais c'est la vie. Ce qui m'embête le plus, c'est de ne plus pouvoir jouer de piano. Mais la musique, c'est ce qui a été ma vie, c'est ma vie, toute ma vie. C'est ce qui m'a sauvé dans les moments durs, parce que la vie, c'est pas toujours drôle, vous savez. Mais c'est aussi ce qui m'a accompagné dans les moments les plus heureux de ma vie. Et aujourd'hui, c'est la musique que j'entends à longueur de journée dans mes vieilles oreilles. Mais vous verrez, en tout cas je vous le souhaite, c'est intéressant de vieillir. Totalement déprimant, oui, mais vachement intéressant. Mais ce ne sont pas des questions qu'on se pose à votre âge. Je vous souhaite de vieillir en bonne santé. Bon, on s'y met ? On fait quoi aujourd'hui ?"

 

 

6 mai 2019

"Dis vague !"

 

"Toc toc toc... qui frappe à la porte ?" chantonnait la chanson qui se baladait dans mon baladeur à cassette, emporté lors des vacances en Bretagne, petite...

Toc toc toc, ça fait un moment que je n'ai pas écrit ici... Un peu perdu le fil des mots au fil des pas... Petits pas et pas à pas, un pied devant l'autre, sauf pour danser, et c'est chouette de danser ! Surtout avec le coeur...

Toc toc toc,... Non, ça ne faisait pas ce bruit là. En fait, il est difficilement decriptible, ce bruit... Non, ce son... Non, ce chant. Celui des vagues qui viennent toquer à la coque.

Les deux pieds posés à plat, et pourtant, ça bouge. Ou ça flotte plutôt ! Sur ce ponton où tous les bateaux pointent leur bout du nez.

Toc toc toc, allez c’est parti ! On embarque pour un sacrément chouette week end en bonne compagnie !

La voile chante, le mât joue à chatouiller les nuages, la coque déploie ses ailes et trace sa route en courant dans les vagues, voguant le courant... Pas même besoin de reprendre son souffle, le vent pousse,... ou pousse moins, ou pousse de travers, ou pousse penché, mais pousse... C'est une course de bleu, de blanc, de gris, c'est selon l'humeur de son manteau de ciel. Une course hors du temps, parce que quand on plonge son regard dans le voile de l'océan, le sablier s'égraine dans la bise... le Gwenn ha Du qui fait prendre un bain de soleil à ses cheveux au vent, la radio qui baragouine un crachin impénétrable, les verres qui se remplissent d'une main reliée à l'autre pour ne pas en mettre à côté, la carte qui glisse sans se mettre le compas dans l'oeil (parce que ça doit faire mal !), les cordages qui se tendent et grincent des dents comme les portes jouent les fantômes en claquant penchées, le sel sur la peau,... Ça lui en fera des choses à raconter, à ce bout du nez, quand il se posera en cliquetant aux côtés des autres une fois arrivé au prochain port.



Défier la gravité, mêler horizon et verticales courbées, jouer des orteils, à en perdre pied, sans perdre la tête, mais oublier le nord,... Pourtant, garder la boussole est sans doute indispensable pour naviguer. Hissez la grand voile, les idées prennent le large, peu importe le cap. Même si en choisir un, et le garder, c'est chouette !

 

 

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13 février 2019

2018,... 2019,... « La folie, c’est de faire toujours la même chose, et de s’attendre à un résultat différent.» [Einstein]

 

« Personne n’a la responsabilité de tout faire, mais chacun doit accomplir quelque chose » [Henry David Thoreau].

 

Prendre conscience, avoir conscience, ouvrir conscience, partager conscience…

J’aurais bien fait un bilan de cette année. Mais déjà, je n’ai jamais su résumer (n’est-ce pas…), classer, trier, ordonner, ranger (n’est-ce pas…), ou alors seulement de temps en temps (hmmm, n’est-ce pas ?). J’aurais bien fait un bilan quand même, parce que 2018 a été un bout de chemin parcouru avec de très belles personnes, un bout de chemin qui m’a appris des tas de choses. Mais ça n’y ressemblera pas vraiment, au final… Et puis, je n’aime pas bien ce mot, « bilan ». De suite, ça me renvoie à « comptabilité », ou alors c’est parce que je suis justement dans ma compta professionnelle en ce moment… Bref. Ce ne sera pas un « bilan »,… mais un aperçu ?

 

 

Le goût de l’eau que l’on mange. Le goût du bout de chocolat que l’on croque puis laisse fondre. Le goût des retrouvailles avec la lecture.

Les vagues qui chatouillent les pieds et leur font prendre leurs jambes à leur cou. Le vent qui balaie les cheveux, les idées, les images, le temps.

Les notes chantées à l’oreille d’enfants. Les récits qui n’ont pas pris une ride racontés par les grands-grands-parents, et leurs enfants les grands-parents, et les parents, et les enfants.

L’odeur des nouvelles recettes qui s’invitent aux côtés des Madeleines de Proust. L’odeur des souvenirs d’un endroit retrouvé, comme les pièces d’un puzzle qui sont faites pour aller côte à côte.

Les couleurs des saisons, du blanc de l’hiver au noir de l’hiver, avec un bouquet éclatant d’émotions pour les accompagner entre les deux.

Si j’ai appris une chose cette année, c’est de travailler à retrouver les cinq sens, et d’une certaine façon de trouver un sens, sans le chercher, mais le vivre. Et pour vivre, être plusieurs, être soi, être soi pour être (avec) plusieurs. Quel soi ? Moi. Toi. Nous.

Nous, citoyens du Monde. On ne l’a pas choisi, on est né, là, ici, Terrien, quel que soit le pays, quelles que soient les frontières. J’ai encore bien du mal à me projeter au-delà de la Terre, sur une autre planète, alors que c’est justement le métier de certaines personnes, astronautes, astrophysiciens, cosmonautes, et autres que j’ignore totalement… Enfin, je ne vais pas parler à leur place, et pour le coup, ça ne m’intéresse pas des masses, je n’ai pas encore réussi à y ouvrir mes œillères. Il y a déjà tellement à faire ici, ici bas, pour aller plus haut… Alors, je ne dis pas non plus que j’y arrive, à « faire ici bas », mais j’y travaille aussi. « Hissez haut notre idéal, Hissez haut nos idées, Haut nos idées », chantent HK & les Saltimbanks. « Rallumer les étoiles », en voilà un beau projet ! Pas besoin de réveillon pour se le souhaiter et se retrousser les manches ! « Poser des actes solidaires, car si l’on existe, si l’on est en vie, c’est bien grâce aux autres » [Alexandre Jolien].

De la lumière, c’est ce que je souhaite pour 2019. Pour redonner de la couleur à ce monde. Ce monde qui donne tellement écho aux livres d’Histoire, des livres aux pages remplies de guerres et de violence. Ce ne sont pas que des photos en noir et blanc, et ce sont aussi les pages d’aujourd’hui et demain. Ce sont notre actualité, dans nos journaux, nos écrans, nos radios, tous les jours.

De la lumière, parce que  « Il est facile de vivre les yeux fermés, en interprétant de travers tout ce que l’on voit. » [John Lennon]. Ouvrons les yeux, ôtons nos œillères inconscientes ou mensongères. Pour redonner de la couleur.

Des couleurs, pour (re)donner du goût, pour (re)donner envie, pour (re)donner vie.

De l’eau, pour continuer de faire pousser les graines de toutes les belles initiatives qui voient le jour, hier, aujourd’hui, demain. Pour « reboiser l’âme humaine » [Julos Beaucarne].

Alors de la lumière, des couleurs, de l’eau, voilà mes souhaits pour 2019 !

Alors on se bouge les fesses et les méninges ! Les fesses, parce qu’elles sont attachées à nos pattes et qu’avec nos pattes on peut en faire des choses, encore plus quand elles sont liées à des méninges qui se bougent, et des méninges qui se bougent tous ensemble, pour « rallumer les étoiles ».

 

Je ne vous ennuie pas trop avec mes citations ? Encore une ou deux pour la route : « Le monde subjectif est aussi un monde intersubjectif, le monde de moi et de toi, et tracer une frontière entre les deux n’est pas facile, parce que les autres font partie de nous. » [Siri Hustvedt]. Et puisque les autres font partie de nous, si chacun faisait de son mieux, à son échelle mais sans œillères, ça donnerait quelque chose de fortement fabuleux et fabuleusement fort, non ?

 

 Je termine avec les paroles d'Imany :

«We are the sons and daughters of all the freedom fighters and there are still many rivers to cross. Hands in the hair, screaming loud and clear for freedom, justice and equality. There is no black or white ; there is only right an wrong. We are unknown heroes, we are flesh and we are blood. We are the great future, we need to get back to the joy of living. We are five fingers of an empty hand but together we can also be the fist. Sometimes change is as simple as two hands, reaching for one another. Clap your hands.»

 

 

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21 décembre 2018

"On prend tous le même train..."

 

Le train trace son chemin, ou chemine son tracé, avançant dans le noir... Dans le noir de la nuit, la fenêtre n'est que le miroir de ce qui se passe en dedans.
En dedans, il n'y a pas grands mouvements. Des bouches qui parlent et parfois ne disent rien, des oreilles qui entendent ou n'écoutent pas, des écrans et téléphones qui scintillent de mille feux et bougent de leurs tentacules invisibles sur les ondes, des pages qui se tournent, se retournent, se replient, se dévoilent...

Au dehors, derrière le reflet de ce qui se passe en dedans, la campagne en doux éveil ne doit pas s'agiter de grands mouvements non plus...

Une fenêtre, noire d'un côté, lumineuse de l'autre, calme de part et d'autre.

Et entre les deux, pourtant, un grand mouvement, une grande vitesse, qui trace son chemin dans la nuit, ou chemine son tracé...

Destination : retour à la maison.

 

 

17 décembre 2018

Oiseau de sable...

 

 

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" As-tu senti parfois
  Que rien ne finissait?
  Et qu'on soit là ou pas
  Quand même… "

Bashung, Immortels

 

 

17 décembre 2018

"C'est la mer qui prend l'homme..."

 

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9 décembre 2018

"3 pas en avant, 3 pas en arrière, 3 pas sur le côté, 3 pas de l'autre côté..."

 

Revenir sur ses pas.

Ni en marche arrière, ni à reculons. Avancer.

Comme pour boucler une boucle.

Sans tourner en rond.

 

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20 novembre 2018

"Jusqu'à la mer, s'arrêter juste avant la nuit..." [M3D]

 

Un café, et hop c’est parti. Le cœur en patate. Le cœur en patate, avec ses au revoirs, le cœur en patate après cette belle fête et ces retrouvailles, trop courtes. Le cœur en patate, encore une nouvelle fois, déjà une nouvelle fois. Le cœur en patate des valises, encore, déjà…

La patate aussi d’avoir revu beaucoup de monde, et de repartir ragaillardi pour la patate de l’aventure. La patate parce que j’écoute Gilles Servat sur la route, et que « par chance, et aussi par vouloir, je dors en Bretagne ce soir ». La patate parce qu’ici le soleil et le ciel bleu se reflètent dans la mer. La patate, parce que la mer. La patate, parce que la Bretagne.

 

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La mer approche, ça se sent. On se dandine sur le siège de la voiture, on penche son regard à droite, à gauche, par la fenêtre, on la cherche, et puis tout à coup, on ne s’y attend pas, au détour d’un virage, on la voit. Happé, s’en rapprocher encore, sans la quitter des yeux, arrêter la voiture, couper le moteur,  quitter ce siège devenu inconfortable, grimper un peu les falaises, puis plonger enfin son regard dans son immensité. Et respirer. C’est un tel sentiment de sérénité et de plénitude, que…

 

 

 

10 novembre 2018

Retour photographico-temporel en Drômardèche...

 

De Juin à Octobre...

Pêle-mêle...

De début d'été mêlé, à automne pelé...

 

 

 

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Gris comme un dernier jour, coloré comme une journée d'automne...

 

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Jusqu'à la prochaine fois...

 

 

 

 

 

27 octobre 2018

Pied de vigne, paume de main, et demain, maintes fois...

 

Ardèche ? Drôme ?

Etant donné que je suis à la limite entre les deux, je m’emmêle encore facilement les pinceaux d’un côté, de l’autre… Pourtant, ici, il ne faudrait pas le dire (trop fort) ! A chacun ses recettes (de caillette, entre autres...), son patois, son climat, ses paysages, son vent, ses expressions…

Cela fait quatre mois que je suis ici. Je n’ai pas beaucoup écrit, alors que tout autour de moi est richement inspirant. Mais parfois, oublier les mots, et simplement vivre les choses… Sentir et ressentir, ces rencontres, ces découvertes, ces apprentissages, ces discussions, ces échanges, ces rayons de soleil entre les vignes, ce vrai goût d’abricot, ces lavandes qui finissaient de fleurir dans le jardin, ces cours d’eau fraiche, ces cigales qui s’époumonaient et s’en donnaient à cœur joie, ces vagues de collines couvertes de vignes jeunes et moins jeunes, ces coups de vent sur le visage et dans les idées, ces racines d’olivier ancrées dans la terre, cette sécheresse qui a jauni l’herbe, ces montagnes douces parfois marquées d’anciennes terrasses de culture, ce Rhône caractériellement coloré selon le ciel au dessus de sa tête, cette terre, une terre de terroir… Une terre de traditions, de transmissions… Est-ce par l’agriculture ? En tout cas, on a l’impression d’y voir la terre des ancêtres. D’ailleurs, la famille est importante par ici…

 

 

Il y a un an, j’étais à la Réunion. Je déposais ma blouse de kiné un moment. Je rencontrais des gens formidables. J’apprenais à mettre les mains dans la terre, je découvrais le maraichage.

Aujourd’hui, je suis en Ardèche. J’ai repris ma blouse de kiné. Entourée de gens formidables. Et j’ai remis les mains dans la terre une journée, pour un aperçu de ce que sont les vendanges. C’était juste quelques heures, mais quelques belles heures... et j’ai remis les pieds dans la terre des baskets.

 

 

C’est tellement beau, un pied de vigne. Noué.

Noué de nœuds visibles, côte à côte, bout à bout, comme des lignes de vie au creux des paumes de ceps tournés vers le ciel, son soleil et ses nuages,... des lignes de vie qui se mêlent, s’entremêlent…

Noué de nœuds cachés dans la terre pour y puiser son énergie par ses racines.

Noué de nœuds, et ça ne l’empêche pas de pousser, de vivre.

C’est tordu, mais c’est beau. C’est vieux, mais c’est beau.

 

Oh comme il est bon d’être ici. Défaire quelques nœuds, et pousser, et vivre…

 

 

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17 octobre 2018

"Le jour s'est levé..."

 

6h58. La machine à café vrombit. Il fait encore nuit noire dehors. Le cabinet n'est éclairé que de la lumière du lampadaire sur le parking. La fenêtre ouverte de ma petite salle laisse filer une fraîche odeur de matin d'automne...
J'aime bien ce moment, calme, hors du temps...
J'attends ma première patiente de la journée, ma tasse de café brûlant à la main.
Tous ces patients qui vont passer par ici aujourd'hui. Tous ces mots, ces encouragements, ces découragements, ces remerciements, ces blagues, ces regards, ces souffles et soupirs, ces espoirs, ces confidences, ces efforts, ces désillusions, ces projets, ces craintes, ces doutes, ces rêves, ces marches à 3 temps, ces petits pas, ces grands pas, ces échanges...
Je vois les phares d'une voiture approcher par la fenêtre. Il est temps d'éclairer le cabinet, enfiler la blouse, fermer la fenêtre, ouvrir la porte,... commencer la journée.

 

 

4 août 2018

4 Août 2014.

 

4 Août 2014.

« Date de création de l’entreprise ».

« Lu et approuvé, première signature de contrat de remplacement ».

« Premières clés ».

« Premier jour ».

« Entrée dans la vie active ».

« Première alarme de cabinet déclenchée maladroitement ».

« Premières ordonnances ».

« Premières boulettes avec le logiciel ».

« Premiers papiers ».

« Premiers patients ».

« Premières prises en charge ».

« Premiers soins ».

 

Le début de l’aventure… Peu importe comment l’appeler.

4 ans… Déjà. Enfin. Tout ça. Si peu.

Combien de kilomètres ? combien de remplacements ? combien de cabinets ? combien de départements ? combien de patients ? combien de toits temporaires ? combien de valises faites, défaites, refaites ?

Aucune idée. Et peu importe. Peu importe les chiffres.

Tous ces patients. Tous ces collègues. Toutes ces personnes rencontrées, toutes ces discussions, ces échanges, ces regards, ces mains, ces parcours. Tout ce qu’ils m’ont appris, sur la kiné, sur le Monde, sur la Vie, sur l’Homme, sur moi. Tout ce qu’ils m’ont donné. Tout ce que j’ai bien voulu laisser partir avec eux. Tout ce que je ne voulais pas laisser partir mais qui est parti quand même. Tout ce qu’ils ont laissé partir et que je n’aurais pas dû recevoir. Tout ce que j’aurais aimé offrir.

Tout ce qu’ils sont. Tout ce que je suis. Ni plus, ni moins.

Tous ceux qui m’ont marquée. Un moment, ou à vie. Qui ne le savent sûrement pas. Qui ne se souviennent sûrement plus de moi. Que je n’oublie pas. Que j’oublierai peut-être un jour. Mais dont le souvenir m’aura accompagnée, au moins un moment.

Tous ces collègues, de quelques semaines, quelques jours, quelques mois. Appréciés, respectés, admirés, inspirants, bienveillants, ou mal compris,…

Tous ces bouts de vie, racontés, partagés, vécus, ris, pleurés, effacés, ressurgis…

Toutes ces régions, tous ces coins vadrouillés. Ces bons plans, ces mauvaises idées. Ces belles surprises (ah, la Lozère…), ces routes sans noms, ces jolies découvertes, ces balades, ces chemins rebroussés, ces paysages, ces escapades, ces impasses, ces échappatoires, ces immensités, ces terrains propices à toutes les réflexions qu’imaginaire et raison échangent à leurs temps perdus…

(Tous ces papiers, encore et toujours, grmlmlblm…)

Ça en fait du monde. Ça en fait des émotions.

4 ans… Tout ça.

Et je ne me suis jamais sentie aussi bien au travail qu’en ce moment.

 

24 mai 2018

"Femmes et hommes de la texture, de la parole et du vent..." [J. B.]

 

Dans le poêle, le feu parle la bouche pleine en mâchonnant le bois. Le thé brûlant trace dans l’air frais des esquisses éphémères. Les oiseaux dehors s’exclament sans partition ni ponctuation. Les collines vertes se vêtissent de temps à autre du bleu de la pluie.

 

 

Puis le jour se lève tout à fait, le ciel se pare de moutons blancs, et les boutons d’or se tournent vers le soleil.

 

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 Et il est bon d’être ici, à écouter Julos Beaucarne…

 

 

21 mai 2018

Détour et retour, encore un tour à Saumur...

 

 

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Ici, il est des choses que le temps ne change pas, avec cette impression qu’il ne les changera jamais…

Comme le bleu des yeux de ma grand-mère.

Comme les fleurs éternelles, ici, là, dans les mêmes vases, sur les mêmes napperons, sur les mêmes meubles. Les photos, ici, là, dans les mêmes cadres, sur les mêmes murs. L’horloge dans le couloir, silencieuse, et devant laquelle c’est moi qui fais le balancier. Les énormes fauteuils aussi mous qu’une marmite de soupe. Les revues de mots-croisés qui attendent d’être remplis. Entendre parler de « ce tantôt » sans jamais savoir si c’est du matin ou de l’après-midi qu’on parle, « si c’est par là qu’on veut aller ». Ce vieil escalier tordu toboggan, poli par les pas des années. La tapisserie sur laquelle le doigt glisse pour tracer un chemin dans le labyrinthe des fleurs bleues. Les poupées aux visages figés sur la porcelaine froide, aux coiffures anciennes et sophistiquées qu’aucun coup de vent n’a jamais fait bouger. Ce lit qui grince, celui-ci qui ressemble tant à un trampoline, et celui-là dans lequel je me love à chaque fois. Ce parquet qui offre des échardes aux pieds nus, mais ces tapis qui glissent dessus pour faire jouer l’équilibre… Et tellement d’autres…

Et puis… Monter au château par le petit escalier. Faire danser son regard sur ces toits d’ardoise depuis la vue en haut de la butte. Redescendre par les petites ruelles pavées. S’imaginer entrer un jour dans cette maison des Compagnons si intrigante. Caresser le tuffeau doux et fragile. Retrouver ces couleurs pastels. Plonger son regard dans les tourbillons de la Loire, comme dessinés par le bout du doigt d’un géant invisible qui s’ennuie. Attendre que les loupiotes s’y reflètent dans le noir comme des milliers d’yeux. Rentrer juste à temps pour la tisane…

Ici, il est des choses que le temps ne change pas, avec cette impression qu’il ne les changera jamais… Même s’il trace au fil des ans des sillons au coin des yeux bleus de ma grand-mère.

 

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De Saumur, j'en parlais déjà ici, et .

 

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20 mai 2018

Le temps, ce n'est pas de l'argent. "Le temps, c'est la vie ! " F., Pérou, 2008

 

Je ne sais pas si un jour, je m’installerai en cabinet. Ce doit être la question qu’on m’a le plus posée ces dernières années lors de tous ces remplacements.

Si un jour je m’installe en cabinet, je ne travaillerai pas de 7h à 22h (et j’aurai sûrement des patients qui comprennent qu’au lieu d’aller au supermarché le dimanche il reste 6 autres jours pour y aller…). Les autres patients, iront voir un autre kiné s’ils ne comprennent pas mon message. Et j’espère du plus profond de moi-même que je ne verrai pas disparaître ce métier au fil des ans. Il y a des choses à faire en rééducation, et pas seulement en kiné… Je veux encore y croire. Et c’est ce qui pourrait me donner envie de m’installer en cabinet.

Non, la kiné ce n’est pas « du chaud et des électrodes sur les reins mais ça ne sert à rien ». Si ça vous arrive, vous avez le droit de secouer votre kiné, et s’il ne vous écoute pas, vous avez le droit d’en changer ! Cela dit, gardez à l’esprit qu’on est loin d’avoir tout compris du fonctionnement de l’être humain. Mais qu’on est tous des humains. Et qu’en kiné, on est des humains qui travaillent avec des humains.

Eh bien, dans mon métier, je n’ai rien à vendre. Je peux uniquement mettre en pratique tout ce que ma tête a appris et continue d’apprendre en allant me former, y ajouter mes mains et mon coeur, pour essayer de faire aller mieux les patients. Mais j’arrête de m’improviser commerçante. Jusqu’à maintenant, j’en avais conscience, mais je faisais en fonction des remplacements. C’est fini. Je me suis engagée pour une période de plusieurs mois dans un super cabinet, mais ce sera sûrement un de mes derniers remplacements en libéral. À la fin de l’année, soit je me lance dans le salariat, soit je cherche à m’installer en cabinet. Je suis prête. À la question « Pourquoi avoir choisi de faire kiné ? », je réponds toujours que je voulais un métier manuel, et utile aux autres. C’est un métier qui tend à devenir de moins en moins manuel, et le rapport aux autres devient parfois bien particulier... En libéral, il y a en plus cette barrière informelle, inconsciente, de l’argent. Soit j’arrive à avoir une patientèle qui me correspond, soit je suis faite pour travailler dans un centre de rééducation, où les patients ont besoin de rééducation, où il y a toute une équipe pour les prendre en charge, où on n’est pas considéré comme un vendeur, ni pris pour jouer au psychologue, où on n'a pas à se justifier auprès du patient en échange de sa carte bancaire et sa carte vitale. Je ne fais pas le procès du libéral. Je ne compte plus le nombre de cabinets dans lesquels j’ai travaillé depuis bientôt 4 ans, mais dans tous ces cabinets j’ai pu rencontrer énormément de monde. Artisans à leur compte, ils avaient besoin de continuer à travailler malgré cette douleur à l’épaule. Agriculteurs, ils avaient besoin de continuer à travailler malgré ce dos en compote parce que la Nature n’attend pas. Infirmiers, ils avaient besoin qu’on prenne soin d’eux pour qu’ils puissent continuer à prendre soin des autres. Ouvriers, ils avaient besoin de continuer à travailler pour avoir de quoi manger, une vie sociale et une certaine estime de soi. Retraités, ils voulaient encore s’occuper de leurs petits-enfants ou arrière-petits-enfants, et découvrir le monde. Humains, ils avaient des projets, et envie de vivre mieux…

 

Pourquoi s’interdit-on d’avoir des projets ? Et des rêves ? Pourquoi cherchons-nous à acheter absolument tout ?

 

 

Pendant ces quelques semaines en salariat, c’était trop court pour tirer des conclusions hâtives, mais certaines choses m’ont frappée. En centre de rééducation, les patients préfèreraient être chez eux qu’hospitalisés (parfois loin de leur famille), donc s’ils sont là, c’est vraiment pour leur rééducation. Alors ils se donnent. Et il y a, encore une fois, toute une équipe pour les accompagner dans leur projet… Je sais bien que ce n’est pas toujours aussi rose, mais ça ne l’est nulle part. Dans la dynamique en tout cas, c’est intéressant. Aussi intéressant que de travailler en libéral avec des patients impliqués. Mais en centre, peut-être du fait du cadre, c’est plus facile…

En centre de rééducation, le côté utile du métier ne peut pas être remis en question. Pour le côté manuel, ça ne l’est pas plus qu’en libéral, mais ça ne l’est pas moins, c’est juste différent… On touche, on masse, on travaille sur les tissus aussi d’une certaine façon… Mais peut-être que ce qui est différent, c’est qu’en libéral, on touche aussi beaucoup plus rapidement à la vie privée, parfois intime, des patients que l’on voit… Malgré nous. Et c’est parfois violent.

 

 

En libéral, il y a aussi bon nombre de patients qui viennent et exigent des soins comme une prestation, comme un service. « À la carte ». Quand c’est parce qu’ils sont allés regarder sur Internet ce qui se fait, même si c’est discutable, l’important est justement d’en discuter, échanger sur ce qu’ils ont lu/vu, expliquer, apprendre parfois,… Ça montre qu’ils s’intéressent et c’est déjà ça. Quand c’est juste parce qu’ils veulent choisir ce qu’ils payent, c’est plus difficile de faire ressortir de la discussion quelque chose de constructif. Ils payent, donc tout leur est dû. Ils ne cherchent même plus à revenir aux sources, à comprendre. Ils choisissent et achètent des plats préparés. Parfois, ils critiquent la qualité. Alors je ne dis pas qu’il faudrait qu’ils avalent nos plats préparés kinésithérapiques (parce qu’il y en a, des kinés qui servent à tire-larigot des plats préparés à tout le monde menu unique, des recettes toutes faites, des protocoles non personnalisés, « du chaud et des électrodes »…), mais plutôt qu’ils cherchent à aller au bout de la démarche, à s’impliquer,… à cultiver leur jardin intérieur et cuisiner ce qui y pousse plutôt que de vouloir acheter et consommer tel quel… C’est de leur santé dont il s’agit ! Et ça ne s’achète pas, ça ne se (sur)consomme pas. En tout cas, ça ne devrait pas…

 

 

17 avril 2018

Redépart

 

J'attends dans le hall, mon sac à l'épaule. Mon sac avec ma nouvelle paire de baskets blanches, un carnet de notes, un stylo, un flacon de SHA, une montre, des clés. Comme il y a quelques années. Quand j'avais une blouse avec l'étiquette "Etudiante Kinésithérapeute" accrochée sur le coeur.

Je reçois les premières infos, ma tenue complète, mon casier aux vestiaires, puis, changée, j'arrive sur le plateau technique. C'est une drôle de sensation qui m'envahit. Ca fait combien de temps que je n'avais pas vu de tel plateau technique ? En l'écrivant, je me souviens encore très bien de mon premier jour de mon premier stage, stage d'observation, où j'avais naïvement demandé : "C'est quoi un plateau technique ?" C'est simplement la salle de rééducation, avec tout le matériel qu'il faut. Il se trouve que là, c'est une immense salle, avec énormément de tables, de matériel dont j'avais absolument complètement oublié l'existence (et le mode d'emploi...), et de monde... Et c'est aussi une foule de souvenirs qui resurgissent, lourds, moins lourds...

Une bonne douzaine de kinés, tous de blanc vêtus. Comme dans mes stages.

J'apprends leurs noms, les oublie presque aussitôt, reçois mon planning. Et une étiquette avec mon nom à accrocher sur le coeur, "Kinésithérapeute". Comme dans la vraie vie.

 

C'est parti !

16 avril 2018

Changement de blouse, pour quelques semaines...

 

Voilà, j’y suis. Ca faisait tellement longtemps que je ne l’avais pas ressentie, cette sensation…

Voilà, j’y suis. Le ciel est bleu, légèrement drapé de blanc ajouré, les oiseaux chantent pour se raconter leur journée, le soleil descend doucement à son rythme printanier… Demain, je commence. Je recommence. Encore une fois. Mais une nouvelle fois, cette fois.

Voilà, j’y suis. Dans ma nouvelle chambre, un studio même. Pour quelques jours, quelques temps… Mes affaires sont enfin installées, la musique tourne… Demain matin, je n’aurai qu’à descendre l’escalier, et traverser la cour pour entrer dans le bâtiment. Comme il y a quelques années. Dans un centre de rééducation fonctionnelle. Comme il y a quelques années, quand j’étais encore étudiante, quand je venais dans des bâtiments comme ceui-ci pour des stages, dans des chambres comme celle-ci pour logement. 7 semaines, à chaque fois. A Sarreguemines, à Verdun, à Hyères. Et maintenant à Dijon. Mais pas pour un stage. Et pas dans un service connu. Comme il y a quelques années. Sauf que je ne suis plus stagiaire kiné, et que c’est censé être un service connu… Pour quelques semaines.

Et dans quelques années, qu’est-ce que je dirai ?

16 février 2018

"Mais les aiguilles tout au fond de l'horloge, battent la mesure et jamais ne dérogent..." Les Cowboys Fringants

 

Un jour, il a fallu que je remette ma montre à l'heure. Quelle heure ? Celle d'ici, heure de Paris, à 500km de la capitale.

Faire tourner les aiguilles alors que tournaient encore ma tête et mon coeur de tout ce voyage, de tout ce que j'y ai vu, gouté, dansé, senti, rencontré, partagé...

Ça parait tellement anodin, de remonter les aiguilles d'une montre. Mais en fait, garder cette montre à l'heure de la Réunion à mon poignet, me permettait de m'y échapper chaque fois que mes idées divaguaient vers l'océan Indien. Et sûrement d'autant plus que j'ai atterri dans cette course effrénée d'une fin d'année avec ses fêtes. C'était mon sablier pour, ni tout à fait revenir en arrière, ni être au présent, simplement m'évader. Une pause, entre deux instants, entre deux hémisphères. Repenser aux gens que j'ai quittés là bas, à C., J., M., Z., R., R., A., C., V., G., D., A., S., C., J., A., L., Z., et que j'aimerais revoir un jour. Ici, là bas, ailleurs... Faire tourner les aiguilles alors que tournaient encore ma tête et mon coeur de tout ce qu'ils m'ont permis de vivre. Repenser à eux, ainsi qu'à tous ceux que le voyage ne fait que croiser, ceux qui m'ont prise en stop, ceux qui m'ont hébergée, ceux avec qui j'ai discuté dans la rue, sur la plage, sur les marchés, dans le bus, ceux avec qui j'ai partagé une Dodo, une rando, ou un concert...

 

J'ai dû remettre ma montre à l'heure de Paris, à 500 km de la capitale, le jour où je suis retournée travailler, où j'ai retrouvé des patients, où j'ai renfilé une blouse blanche. Ni tout à fait une autre que la dernière fois où j'avais enfilé cette blouse, ni tout à fait la même. J'ai en partie recollé les morceaux avec mon métier, parce que je me suis rendu compte pendant cette coupure, que ça me manquait. Le contact avec les gens, travailler avec ses mains pour tenter d'apaiser maux et tensions, pour essayer de redonner souplesse et mouvements quand c'était possible, de libérer muscles et articulations... Et parce que je me suis rendu compte que les morceaux décollés sont plus d'ordre politique, liés au monde libéral, reflet de notre société. Alors je vais tâcher de faire la part des choses dorénavant.

J'ai dû remettre ma montre à l'heure de Paris, à 500 km de la capitale, le jour où je suis retournée travailler. Il était 6h. Ou 9h. Les arbres n'avaient plus de feuilles aux branches, et le froid avait raccourci l'herbe. Ou les couleurs éclatantes des fruits mûrs et de la végétation luxuriante avaient toute leur place dans le décor. Il faisait nuit noire brumeuse. Ou un soleil d'été austral levé depuis longtemps... Je retournais travailler, et chacun continuait son bonhomme de chemin... Ici, là bas, ailleurs...

 

 

 

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Kiné pas d'ici, mais bien là...
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  • Chaussures chaussées, rien de fixé encore, commencer par des remplacements. Des portes à ouvrir, à entrouvrir, et des chemins à parcourir… Bonne route à chacun ! A., qui n'est pas d’ici mais bien là...
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