"Le mal au dos, c'est le mal du siècle de toutes façons..."

Parce que j’en avais un peu marre de devoir chercher quoi répondre aux patients qui nous disent « Moi, c’est les mardi et vendredi à 9h, pour du massage, parce que j’ai mal au dos, vous savez ».

Parce que j’en avais un peu marre, qu’à ma question « Et ça fait combien de temps que vous venez ici pour votre dos ? », j’entende les patients me répondre « Oh, ça doit bien faire 6 mois… ou même plus ! Bientôt 1 an… », quand ce n’était pas « Oh moi je suis une habituée, je viens depuis que le cabinet a ouvert, ça doit faire 4 ans… ».

Parce que j’en avais un peu marre de me sentir démunie face à ça.

Parce que j’aime beaucoup masser, mais si j’avais voulu faire ça à visée de bien-être, j’aurais fait masseuse, pas kiné. Quand je masse, j’aime bien que ce soit pour quelque chose « en dessous », pas juste pour occuper la demie-heure de séance. Je ne dis pas, parfois, c’est bien nécessaire. Mais d’autres fois, on aurait quand même des choses plus intéressantes à faire et à mettre en place…

Parce que j’en avais un peu marre de tomber dans le piège du massage-détente musculaire-chaleur-étirements-exercices à la maison qu’on ne fait pas.

Parce que j’en avais un peu marre de continuer à creuser le trou de la sécu.

...

Parce que tout ça : j’ai fait une formation sur les lombalgies chroniques.

Alors, non, il n’y a pas de solution miracle, et non, ça ne va pas révolutionner ma façon de faire (surtout que ma façon de faire est au moins en partie liée à celle de la personne que je remplace). Mais qu’est-ce que ça a fait du bien ! De se sentir moins seul à avoir l’impression de tourner en rond avec certains patients. De voir qu’il y a des choses à faire. De recevoir de nouvelles bases solides, et de savoir qu’on peut se retrousser les manches pour quelque chose. Il n’y a plus qu’à se mettre au boulot (et commencer à éduquer certains patients, avant de chercher à les rééduquer…). Nous kinés (parce qu'il est grand temps qu'on se bouge les fesses), et eux patients (parce qu'il faudrait aussi penser à se prendre en main).

Et en dehors de ça, retrouver les bancs d’école. Un peu différents, parce qu’ici point d’amphithéâtre, mais une salle de réunion d’un hôtel, des tables de restauration, et de hauts fauteuils rembourrés. Neuf « stagiaires » pour un formateur. On étale des tapis de gym sur ces belles tables, on tire des faux-rideaux qui ne nous isolent qu’à moitié du hall d’entrée de l’hôtel (les passants ont quand même dû se poser des questions, mais heureusement ils n’étaient pas trop nombreux…), on s’allonge sur ces tables qui n’ont qu’un esthétique pied central (et ça, ça n’a pas l’air de bien supporter que quelqu’un s’allonge dessus pour se faire manipuler dans tous les sens !),… à la bonne franquette quoi !

Retrouver les bancs d’école, mais il manquait G. et M.F. et d’autres, pour retrouver tout à fait l’ambiance de l’école (pis il manquait les mandarines !)…

Retrouver les bancs d’école, pour deux jours.

Retrouver les bancs d’école, mais autrement. Là, on avait tous un bagage différent, plus ou moins rempli. Plutôt moins me concernant, plutôt plus pour ceux qui se rapprochent de la retraite : on était 9, mais de tous âges. Et c’était cool !

Retrouver les bancs d’école, et l’envie d’apprendre. D’avancer.

Alors, qu’est-ce que j’ai dit encore ? Plus qu’à se mettre au boulot. Allez, hop !